les filles s’en allassent et qu’il les retiendrait tant que durerait notre visite. Comptant sur sa parole et plus encore sur la précaution que nous avions eue de ne le point payer d’avance ; nous allâmes chez le renégat vénitien.
Il était parfaitement bien logé. Il nous fit apporter du café et des pipes. Comme nous parlions italien, Clairac et moi, assez passablement, nous fûmes d’abord les meilleurs amis du monde. Nous lui dîmes que nous avions de fort bon vin avec nous. Il ne refusa point d’en boire. Nous en vidâmes plusieurs bouteilles.
Lorsque nous fûmes un peu échauffés, nous nous mîmes à parler de religion. Cougoulin soutenait fermement que Mahomet était un fort grand homme et qu’il ne doutait pas que les Turcs ne fussent sauvés. Clairac voulait même qu’on fit son salut dans cette religion plus aisément que dans la chrétienne ; avant la fin du repas, le renégat se trouva le plus mauvais musulman.
Aussi n’avait-il pas embrassé cette religion, après l’avoir examinée. Ayant été fait esclave et étant devenu amoureux de la fille de son patron, il avait su lui plaire, il s’était fait turc et l’avait épousée. Son maître lui ayant donné