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mit de rendre 25,000 piastres sévillanes qui avaient été prises sur un bâtiment marseillais contre la foi publique[1]. Ils ne voulurent jamais y consentir. M. d’Andresel ayant fait dire au bey qu’il devait se souvenir des Français, et qu’on pourrait les bombarder une seconde fois, ils eurent l’insolence de répondre que Louis XIV était mort, et que ce qui était aisé dans un temps devenait difficile dans l’autre.

Il pensa nous arriver un accident des plus fâcheux à Clairac et à moi. Nous étions logés chez le consul avec quelques autres Français ; il prit envie au bey de nous faire arrêter, pour lui servir d’otages en cas qu’on lui déclarât la guerre ; heureusement le consul, ayant été averti de ce dessein, nous fit retourner à nos vaisseaux ; une heure plus tard nous courions risque d’être prisonniers, et nous y aurions resté selon toute apparence jusqu’après le bombardement, qui se fit dix-huit mois après.

Pendant le temps que j’étais dans la ville, je vis un arc de triomphe de marbre blanc, beau et entier, qui est auprès du port ; depuis mon

  1. Les piastres Sévillanes sont les piastres d’Espagne ; à qui on donne ce nom pour les distinguer des piastres turques qui ont beaucoup moins de valeur.