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LIVRE TROISIÈME.



Dès que je fus chez mon père, il fallut que je prisse un état que j’avais voulu éviter jusqu’alors ; la situation présente de mes affaires m’obligeait de ménager ma famille ; je passai avocat, et, peu de temps après, mon père m’acheta une charge pour m’acquérir le service dont j’avais besoin pour occuper un jour celle de procureur-général du parlement. Ce qui avait engagé mon père à vouloir me mettre dans la robe, était l’envie qu’il avait de conserver dans sa famille cet emploi dont il était revêtu.

Pour égayer une étude qui me paraissait aussi sérieuse que celle du droit, je devins amoureux d’une petite bourgeoise qui demeurait dans une des terres de mon père. Je ne languis pas long-temps. La vanité d’être aimée du fils aîné du seigneur l’aurait seule déterminée à se rendre. Je n’aimais point