encore au lit, il lui demanda s’il était malade, et lui apprit l’heure qu’il était ; sur quoi le marquis, tout surpris, appelle son domestique, nommé La Pierre, et lui reproche vivement de ne l’avoir point averti. « Ma foi lui dit La Pierre, que ne regardez-vous à votre montre ! Moi, j’ai fait ma besogne, et
ment du prince c’était, au reste, un homme sans beaucoup de mesure dans les actions. On raconte qu’un jour le roi étant avec ses courtisans dans la chapelle de Charlottembourg, il lui prit une saillie assez singulière : il commanda à M. de Pollnitz de monter en chaire et de prêcher. Le baron, qui ne demandait pas mieux, monte, se mouche, jette le coup d’œil à la ronde ; il prend pour texte Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu. Il divisa et sous-divisa gravement son discours comme il est d’usage, et commença par prouver « qu’en tout les zélés serviteurs de César lui avaient rendu ce qui lui appartenait, en le suivant dans ses disgraces, en lui sacrifiant le peu de fortune qu’ils avaient, en exposant leur tête même pour son service : mais César a-t-il rendu à Dieu ce qui appartient à Dieu ? » Il prononçait ces mots en frappant sur les bords de la chaire, et terminait en disant « Le César de Prusse a-t-il rendu à Dieu ce qui appartient à Dieu, en récompensant de si fidèles serviteurs ? » Le roi, qui pensait les avoir assez récompensés, écoutait tranquillement les déclamations du prédica-