Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/267

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sa mère que je n’étais pas excessivement rangé, et que j’avais une maîtresse avec laquelle j’étais actuellement ; cette découverte m’obligea de vivre avec plus de retenue. Comme les malheurs se suivent d’ordinaire, Motille se blessa d’un garçon qui ne vécut que trois heures de temps ; et mon fils ce fils, sur qui j’avais fondé de si grandes espérances, fut une fleur qu’une même journée vit éclore et mourir.

Pour achever de me désespérer, madame Besaudin et sa fille, lasses de m’attendre à Livourne, arrivèrent en Provence, et apprirent que j’étais en ménage avec une fille de l’opéra. On ne saurait dire qui des deux fut plus fâchée contre moi ; ce fut bien pis lorsque la mère sut qu’on parlait de me marier. Dans le moment elle m’envoya chercher. Je m’excusai le plus qu’il me fut possible ; je promis d’abandonner l’opéra, et au plus terrible orage succéda uue espèce de calme.

En sortant de chez madame Besaudin, je retournai chez Motille ; quelqu’un qui voulait apparemment me faire devenir fou, lui avait appris que ces deux dames étaient arrivées. Je la trouvai dans des transport étonnans ; elle faisait mille extravagances. Je lui jurai que je n’avais été chez la Besaudin que