Cadière ; ils se regardaient mutuellement comme des sujets fort propres à augmenter la gloire l’un de l’autre.
Dans ces situations le père Girard partit d’Aix pour aller à Toulon : à peine fut il arrivé que la Cadière se présenta pour être sa pénitente ; elle disait, en parlant de lui, qu’elle sentait que Dieu lui-même lui avait inspiré la pensée de le choisir pour directeur.
Le jésuite, de son côté, prônait par-tout la vertu de sa pénitente. Ce qu’il y a de plaisant, c’est qu’ils avaient trop d’esprit pour se confier mutuellement l’un à l’autre ; et, quoiqu’ils sussent tous les deux à quoi s’en tenir, chacun affectait de son côté d’être dans la bonne foi ; le jésuite paraissait surpris des prodiges que le ciel opérait par les mains de sa pénitente, et la Cadière recevait avec toutes les apparences possibles de la docilité la plus entière les exhortations mystiques du père Girard.
Les frères, le père, la mère de la Cadière furent les premiers à être trompés, et ils n’ont été désabusés que lorsqu’ils n’auraient osé l’avouer, sans perdre absolument cette béate. L’évêque de Toulon fut une des principales dupes de cette comédie ; il y donna de la meil-