Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/298

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été abusée par le jésuite, à quoi servait il qu’elte vînt s’en plaindre ? Voulait-elle être réparée en son honneur ? comptait-elle que le père Girard l’épouserait ? Comment ! pour l’unique plaisir de la vengeance, elle étale sa honte aux yeux de l’univers ! Quiconque peut acheter aussi cher le plaisir de se venger, ne fait pas grand cas de sa réputation. Je laisse l’idée du sortilège à part ; elle doit paraître le comble du ridicule pour quiconque a la moindre notion d’un peu de philosophie..

Dès le moment que cette déclaration eut paru, l’univers entier en fut instruit. Il vint des ordres du ministre au premier président et au procureur-général, d’envoyer des copies de l’information à la cour. Cependant, la Cadière n’avait pas d’abord considéré combien grande était la démarche qu’elle avait faite. Etonnée dès le premier pas, elle se dédit de ce qu’elle avait avancé ; et l’affaire allait être assoupie, lorsque les jansénistes, qu’elle avait mis en mouvement, rassurèrent là béate contre tous les événemens.

Elle refit une autre déclaration semblahle à la première. Son carme parut alors sur les rangs. Il dit que sa pénitente lui ayant permis de révéler sa confession, il attestait qu’elle lui