le regardait comme le chef des motinistes. Avant cette affaire, il était adoré dans la province, on rendait justice à sa probité et à son génie. Dès le moment qu’on le sut moliniste, il n’y eut point d’infamies qu’on ne vomit contre lui. Le président de Bandol, chef des jansénistes, se trouva dans le même cas : il y a peu d’hommes en France qui aient plus de candeur et de bonne foi, et il remplit sa place avec beaucoup de dignité ; il n’en était pas moins chez les molinistes un homme sans foi et sans honneur, et, ce qu’il y a de remarquable, c’est que la plupart des gens qui se déchaînaient ainsi avaient été fort liés avec lui.
Parmi les magistrats dont on tenait des discours si étonnans, on ne faisait pas grâce à mon père ; sa charge l’exposait à être mis plus souvent sur la scène que les autres[1] ; je me servais de certains mouvement de dépit, que je voyais en lui, pour le dégoûter de me mettre dans la robe, et peu à peu je réussis, comme on verra dans la suite de ces Mémoires.
Le bas peuple était animé au dernier point contre les jésuites. Une semaine avant la dé-
- ↑ Il était procureur-général au parlement d’Aix.