Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/309

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excessivement douce ; je l’avais logée dans une maison, à cent pas de la ville, pour être plus en liberté ; je passais avec elle, tête à tête, des jours entiers ; elle aimait la lecture ; dans les momens où elle s’y occupait, je dessinais, ou je peignais. Son caractère me convenait si fort que, ne pensant à aucun établissement solide j’avais résolu de passer avec elle le reste de ma vie.

Mon père devait bientôt partir pour Paris. Il allait à la cour pour les suites de l’affaire de la Cadière. J’avais si bien travaillé à lui montrer le désagrément qu’on avait dans la robe, que je le fis consentir à me laisser entrer au service dès que nous serions à Paris. J’aimais trop Chichote pour la quitter ; je résolus de la mener avec moi. Je comptais d’entrer aux mousquetaires quelque temps, pour avoir l’agrément d’une compagnie de cavalerie. Elle partit huit ou dix jours avant moi, et m’attendit à Lyon, d’où je la conduisis moi-même jusqu’à Paris.

    hypocrite trouvait, dans ces folies religieuses, un moyen de courber Louis XIV sous son autorité sans qu’il crût lui obéir. Les petites idées soumettent les hommes aux femmes ; comme les grandes en rendent la possession douce et en font détester la domination.