Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/332

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avec gaîté sur les revers de la tranchée ; ils demandaient à grands cris qu’on refusât à l’ennemi toute capitulation ; ils ne craignaient que de perdre l’occasion de signaler leur courage et leur zèle, et ils souhaitaient ardemment qu’on les menât à l’ennemi.

Le jeune prince de Conti ne contribuait pas peu à leur inspirer cette ardeur. Il était l’idole de l’armée, et il faut avouer qu’il le méritait : héritier des vertus de son grand-père, héros dans un âge où les autres ne sont encore qu’au premier pas dans le chemin de la gloire, il animait les officiers par son exemple, et les soldats par ses bienfaits[1].

  1. C’est de Louis-François de Bourbon, prince de Conti, ive de ce nom, qu’il s’agit ici ; il naquit à Paris le 13 août 1717. C’était un prince plein de courage, d’amabilité et d’esprit. Il se distingua de la manière la plus brillante dans la guerre d’Italie en 1744 ; la bataille de Coni qu’il gagna sur le roi de Sardaigne, a prouvé son habilité et son courage à la guerre. De retour à Paris, il cultiva les lettres et les arts avec goût, et protégea les gens de lettres. On l’a peint assez bien dans ces vers :

    Des héros de son sang il augmenta l’éclat ;
    Mécène des savans, idole du soldat,
    Favori d’Apollon, de Thémis, de Bellone,
    Il protégea les arts et défendit le trône.