regardées, comme libertines, et, comme leur art les expose à être méprisées, elles ne sont plus retenues par des sentimens qui leur deviennent inutiles. Je sais, qu’il en est quelques unes que leur tempérament, soutenu par un caractère d’honneur, a garanties de ces excès, et qui, malgré le préjugé commun, ont forcé le public à leur accorder son estime. Il est vrai que ce cas arrive beaucoup plus aisément chez les comédiennes que chez les filles de l’opéra : ces dernières regardent la vertu comme un pays inabordable.
Nous ne devons accuser que nous du peu de conduite de nos actrices. Lorsque j’avilis quelqu’un, que je l’abaisse, que je le plonge dans le néant, que je le couvre d’ignominie, j’éteins en lui toutes les semences d’honneur, j’étouffe dans son cœur tout sentiment de la vraie gloire, et je ne laisse d’autre passion en lui que l’intérêt et l’amour du gain.
L’avidité des richesses est encore pour nos filles de l’opéra un appas plus séduisant que pour nos comédiennes : celles-ci ont pour la plupart de quoi vivre ; mais les autres, et principalement celles qui sont dans les chœurs, n’ont pas de quoi acheter des gants et de la poudre de leurs appointemens ; il faut néces-