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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/363

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LETTRE III.



De mille aventures galantes que m’offre le Palais-Royal, je me contente d’en choisir une au deux des moins chargées d’incidens[1]. Je commence par la Campoursi, que vous connaissez. Son père montrait à jouer de la

  1. L’auteur dit le Palais-Royal, parce qu’au temps où il écrivait, l’Opéra était au Palais-Royal.

    La Campoursi était une actrice de l’opéra, plus connue par ses intrigues et son libertinage que par son talent. Les filles d’opéra ont toujours été regardées, et non sans cause, comme des filles ; avec cette différence que les premières joignent à tous les désordres de l’inconduite de celle-ci une insolence et un manège d’intrigues qui rendent leurs sociétés le tombeau des plaisirs, de la fortune et de la jeunesse des malheureux qui les fréquentent ; elles sont à la galanterie ce que sont les maisons de jeux à la passion de jouer ; au lieu d’y trouver à se satisfaire, on n’y rencontre que des regrets, la rage de se perdre, et l’impuissance d’y résister.