Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/392

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advenir. Le pape, revêtu, chevauche une grosse truie qui a amples tétins, laquelle il broche de ses espérons. Cependant il fait la bénédiction à ceux qui d’aventure se rencontrent ; de la gauche il tient l’excrément humain encor tout chaud. La truie, sentant l’odeur, lève, le groin vers sa proie. Mais lui se moquant d’elle, et reprenant l’excrément, il faut, dit-il, que tu endures que je monte dessus toi, et que je te donne de mes esperons maugré que tu en ayes ; il y a long-temps que tu me romps la tête du Concile pour me diffamer plus librement : voici le Concile que tu me demandes. Par cette truie, il signifiait l’Allemaigne. Plusieurs papistes reprenaient en lui les railleries comme messéantes et peu honnêtes ; mais il avait ses raisons qui le mouvaient ; et gens sensés estimaient qu’il voyait plus loin ; car même, en ses livres, on trouve plusieurs prophéties des choses de grande conséquence jà accomplies.

Vous voyez que ces sortes d’images étaient regardées comme quelque chose de bien essentiel à la dispute dont il s’agissait. Qu’aurait-on dit, grand Dieu, si M.  de Meaux avait été mettre pareille pasquinade à la tête de