leur donne un avantage considérable sur les autres savans.
La Hollande semble être la patrie des philosophes. Libres du joug qu’on impose ailleurs à la raison, ils sont les maîtres d’en faire usage.
C’est à la sage police de ce pays que l’Europe est redevable des ouvrages des plus grands hommes. Sans cette liberté si bien établie, la moitié des œuvres de Bayle n’eussent jamais vu le jour. Une foule de moines eussent fait supprimer l’impression, ou, peut-être, l’auteur gêné n’eut jamais songé à composer ses livres.
Le commerce est l’occupation d’une bonne partie des Hollandais. Comme il n’y a guère d’autre noblesse chez eux que celle que donnent la vertu et le mérite, on y voit peu de ces illustres fainéans, dont le métier est de ne rien faire, et souvent de mourir de faim. Un commerçant ici ne croit point que son état soit vil ; et comment le penserait-il, puisqu’il est tous les jours à même, en sortant de son magasin, de remuer l’Europe entière ! Il y a tel marchand à Rotterdam et à Amsterdam, dont la voix peut décider du sort de la guerre ou de la paix.
On ne se prévient point dans ce pays ni