Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/59

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où vous l’aurez fait tomber ? Et s’il est vrai que nos crimes ne sont en général que des résultats de notre ignorance, jugez vous-même du, risque où vous vous exposez ? Malheureux ! vous vous damnez ; et sans doute vous en seriez le maître, s’il ne s’agissait que de vous ! mais on doit encore vous permettre de damner ceux que vous avez à conduire au port du salut ? Non, sans doute, et nous devrions vous déposer, ou au moins vous interdire pour un temps. Cependant nous n’oublions pas que l’esprit de la religion est un esprit de douceur et de charité, et nous différerons encore, pour cette fois, cet acte de rigueur, dans l’espérance que vous vous corrigerez ; que vous vous imposerez la loi de ne jamais parler de ce que vous n’avez pas appris ; que vous consacrerez tous vos momens à l’étude, et qu’en un mot, vous nous promettrez ici, sur votre conscience et votre salut, de rien négliger pour édifier autant par vos lumières et votre retenue, que vous avez scandalisé par votre insouciance et votre témérité. Allons donc, mon frère, retournez dans votre paroisse, vous humiliant, vous confondant devant le Seigneur, et n’oubliant pas que le vénérable