Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/62

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grande gouvernante de Madame la duchesse de Gotha. Elle est maladive comme vous ; elle aime à rester au lit ; vous vous amuserez ensemble à faire des maladies. – Mais, Sire, j’ai une femme que j’aime et que j’honore. – Bon, bon, cela ne fait rien ; suivez toujours mon conseil. – Le marquis se fâche, et le roi qui s’en aperçut, se tut. Un moment après, le marquis reprend son air riant ; Frédéric croit pouvoir recommencer ; et le voilà à proposer encore Madame de Buchwalde. – Eh bien, oui, Sire dit le marquis de l’air le plus gai, j’épouserai cette dame mais à une condition. – Et quelle est-elle ? dit le roi. — C’est dit alors le marquis, d’un air très-sérieux, qu’aussitôt après mon mariage, nous irons, elle et moi, aussi loin d’ici qu’il sera possible. Le roi parut embarrassé, ne dit mot et se leva de table. Le marquis se retira chez lui, et fut six semaines sans voir le roi.

Au bout de ce temps, Frédéric impatienté se mit à dire : C’en est trop, le marquis se f. de moi ; il faut qu’il vienne. D’Argens apprend ce propos, et revient. On l’invite à dîner ; il s’excuse, et promet de se trouver à sept heures chez le roi. Frédéric avait fait une pièce de vers sur la paresse, dont il comptait régaler