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Thérèse

qu’en agiſſant avec de certaines précautions, on ne riſque point cet inconvénient ? N’eſt-tu pas convenue avec moi que les femmes n’ont que trois choſes à redouter, la peur du Diable, la réputation & la groſſeſſe ? Tu es très-appaiſé, je penſe, ſur le premier article ; je ne crois pas que tu craignes de ma part l’indiſcrétion ni l’imprudence, qui ſeules peuvent ternir la réputation ; enfin on ne devient mere que par l’étourderie de ſon amant. Or, je t’ai déjà démontré plus d’une fois, par l’explication du mécanique de la fabrique des hommes que rien n’étoit plus facile à éviter : répétons donc encore ce que nous avons dit à ce ſujet. L’amant par la réflexion ou par la vûe de ſa maîtreſſe, ſe trouve dans l’état qui eſt néceſſaire à l’acte de la génération : le ſang, les eſprits, le nerf érecteur, ont enflé & roidi ſon dart : tous deux d’accord, ils ſe mettent en poſture : la fléche de l’amant eſt pouſſée dans le carquois de ſa maîtreſſe : les ſemences ſe préparent par le frottement réciproque des