Page:Argens - Thérèse philosophe (Enfer-402), 1748.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
Philosophe.

Après quelques baiſers, qui furent encore donnés de part & d’autre, & qui m’ennuyerent beaucoup, à cauſe de la ſituation gênante où j’étois, mon pieux Directeur & ſa docile Proſélite deſcendirent dans la ſalle où l’on avoit coûtume de s’aſſembler. Je gagnai promptement ma chambre, où je m’enfermai. Un inſtant après on vint m’appeller de la part de Madame C… Je lui fis dire que je n’avois pas dormi de toute la nuit, & que je la priois de me laiſſer repoſer encore quelques heures. J’employai ce temps à mettre par écrit tout ce que je venois d’entendre.

Nos jours s’écouloient dans cette campagne en témoignages réciproques d’amitié, lorſque ma mere vint ſubitement un matin m’annoncer que notre voyage de Paris étoit fixé pour le lendemain. Nous dinâmes encore ma mere & moi chez l’aimable Madame C… que je quittai en verſant un torrent de larmes. Cette femme adorable, peut-être unique dans ſon eſpéce, m’accabla de careſſes & me donna les