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Thérèse

débitai au vieux Gardien des Capucins, Directeur de conſcience de ma mere, qui m’étoutoit, toutes les fadaiſes, les peccadilles d’une fille de mon âge. Après m’être accuſée des fautes dont je me croyois coupable. „ Vous ſerez un jour une ſainte, me dit ce bon Pere, ſi vous continuez de ſuivre, comme vous avez fait, les principes de vertu que votre mere vous inspire ; évitez ſurtout d’écouter le Démon de la chair ; je ſuis le Confeſſeur de votre mere, elle m’avoit allarmé ſur le goût qu’elle vous croit pour l’impureté, le plus infâme des vices ; je ſuis bien aiſe qu’elle ſe ſoit trompée dans les idées qu’elle avoit conçues de la maladie que vous avez eue il y a quatre ans ; ſans ſes ſoins, mon cher enfant, vous perdiez votre corps & votre ame. Oui je ſuis certain préſentement que les attouchemens dans leſquels elle vous à ſurpriſe n’étoient pas volontaires, & je ſuis convaincu qu’elle s’eſt trompée dans la concluſion qu’elle en a tirée pour votre ſalut.