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Philosophe.

qu’ils ont des vices & des vertus humaines.

Concluons. L’arrangement des organes, les diſpoſitions des fibres, un certain mouvement, des liqueurs, donnent le genre des paſſions, les dégrés de force dont elles nous agitent contraignent la raiſon, déterminent la volonté dans les plus petites, comme dans les plus grandes actions de notre vie. C’eſt ce qui fait l’homme paſſionné, l’homme ſage, l’homme fou. Le fou n’eſt pas moins libre que les deux premiers, puiſqu’il agit par les mêmes principes ; la nature eſt uniforme. Suppoſer que l’homme eſt libre & qu’il ſe détermine par lui-même, c’eſt le faire égal à Dieu.

Revenons à ce qui me regarde. J’ai dit qu’à vingt-trois ans ma mere me retira preſque mourante du Couvent où j’étois. Toute la machine languiſſoit, mon tein étoit jaune, mes lévres livides ; je reſſemblois à un ſquelette vivant. Enfin la dévotion alloit me rendre homicide de moi-même, lorſque je rentrai dans la maiſon de ma mere. Un habile Médecin envoyé