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Philosophe.

Je continuois donc mes exercices de piété avec toute la ferveur imaginable. On m’avoit beaucoup parlé du fameux Pere Dirrag ; je voulois le voir, il devint mon Directeur ; & Mademoiſelle Eradice, ſa plus tendre Pénitente, fut bientôt ma meilleur amie.

Vous connoiſſez, mon cher Comte, l’hiſtoire de ces deux célebres perſonnages ; je n’entreprendrai point de vous répéter tout ce que le Public en ſçait & en a dit ; mais un trait ſingulier, dont j’ai été témoin, pourra vous amuſer, & ſervir à vous convaincre que, s’il eſt vrai que Mademoiſelle Eradice ſe ſoit enfin livrée avec connoiſſance de cauſe aux embraſſemens de ce Caffard, il eſt du moins certain qu’elle a été longs-temps la dupe de ſa ſainte lubricité.

Mademoiſelle Eradice avoit pris pour moi l’amitié la plus tendre, elle me confioit ſes plus ſecrettes penſées ; la conformité d’humeur, de pratique de piété, peut-être même de tempéramment, qui