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Thérèse

gnal de ſa retraite : & je vis le fier ſerpent devenu humble, rempant, ſortir couvert d’écume de ſon étui.

Tout fut promptement remis dans ſa place, & le Pere, en laiſſant tomber ſa robe, gagna à pas chancelans le prié-Dieu qu’Eradice avoit quitté. Là, feignant de ſe mettre en oraiſon, il ordonna à ſa Pénitente de ſe lever, de ſe couvrir, puis de venir ſe joindre à lui, pour remercier le Seigneur des faveurs qu’elle venoit d’en recevoir.

Que vous dirai-je enfin, mon cher Comte ? Dirrag ſortit ; & Eradice, qui m’ouvrit la porte du cabinet, me ſauta au cou en m’abordant. Ah ! ma chere Théreſe, me dit-elle, prends part à ma félicité : oui, j’ai vû le Paradis ouvert, j’ai participé au bonheur des Anges. Que de plaiſirs, mon amie, pour un moment de peines ! Par la vertu du ſaint cordon, mon ame étoit preſque détachée de la matiere. Tu as pu voir par où notre bon Directeur l’a introduit dans moi. Eh bien ! je t’aſſure que je