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Philosophe.

Il y avoit quelque temps que je n’avois vû Madame C… Quoiqu’elle eût bien des bontés pour ma mere à qui elle avoit rendu de grands ſervices, & qu’elle eût la réputation d’une femme très-pieuſe, ſon éloignement marqué pour les maximes du Pere Dirrag, pour ſes exhortations miſtiques, m’avoient fait ceſſer de la fréquenter, afin de ne pas déplaire à mon Directeur : il n’étoit pas traitable ſur l’article, & ne vouloit point que ſon troupeau ſe confondît avec celui des autres Directeurs ſes concurrens ; il craignoit ſans doute les confidences, les éclairciſſemens : enfin c’étoit une condition préalable très-recommandée par ſa Révérence, & très-exactement obſervée par tout ce qui formoit ſon troupeau.

Cependant nous nous mîmes à table. Le dîner fut gai. Je me ſentois beaucoup mieux que de coutume : ma langueur avoit fait place à la vivacité : plus de maux de reins, je me trouvois toute autre. Contre l’ordinaire des repas de Prêtres & de