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Thérèse

& encore moins au Pere Dirrag, de ce que vous venez de me confier. Il y a dans tout ceci du bien & du mal. Rendez-vous chez moi demain vers les neuf heures du matin ; je vous en dirai davantage ; comptez ſur mon amitié, l’excellence de votre cœur & de votre caractere vous l’ont entierement acquiſe. Je vois votre mere qui s’avance ; allons au devant d’elle, & parlons de toute autre choſe.

Monſieur l’Abbé T… entra un quart d’heure après. On ſoupe de bonne heure en province, il étoit alors ſept heures & demie, on ſervit, nous nous mîmes à tables.

Pendant le ſouper Madame C.... ne put s’empêcher de lâcher quelques traits ſatiriques ſur le Pere Dirrag : l’Abbé en parut ſurpris, il l’en blâma avec délicateſſe. Pourquoi, pourſuivit-il, ne pas laiſſer ténir à chacun la conduite qu’il lui convient, pourvû qu’elle n’ait rien de contraire à l’ordre établi ? Juſques à préſent nous ne voyons rien du Pere Dirrag qui s’en éloigne ! permettez-moi donc Madame,