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Philosophe.

Je ne cachai rien à Monſieur T… qui m’écouta attentivement juſqu’au bout, ſans m’interrompre que pour me demander de certaines explications ſur les détails qu’il ne comprenoit pas. Vous venez, me dit-il, de m’apprendre des choſes étonnantes. Le Pere Dirrag eſt un fourbe, un malheureux, qui ſe laiſſe emporter à la force de ſes paſſions ; il marche à ſa perte & il entraînera celle de Mademoiſelle Eradice : néanmoins, Mademoiſelle, il faut les plaindre plutôt que de les blâmer. Nous ne ſommes pas toujours maîtres de réſiſter à la tentation ; le bonheur & le malheur de notre vie ſe décide ſouvent par les occaſions. Soyez donc attentive à les éviter : ceſſez de voir le Pere Dirrag & toutes ſes Pénitentes, ſans parler mal des uns ni des autres ; la charité le veut ainſi. Fréquentez Madame de C… elle a pris de l’amitié pour vous ; elle ne vous donnera que de bons conſeils & de bons exemples à ſuivre.

Parlons préſentement, mon enfant, de ces chatouillemens exceſſifs que vous ſen-