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Thérèse

nence que j’y rencontrai, me cauſa un treſſaillement, je m’y arrêtai : je frottai, & bientôt j’arrivai au comble du plaiſir. Quelle heureuſe découverte pour une fille qui avoit dans elle une force abondante de la liqueur qui en eſt le principe !

Je nageai pendant près de ſix mois dans un torrent de volupté, ſans qu’il m’arrivât rien qui mérite ici ſa place.

Ma ſanté s’étoit entierement rétablie : ma conſcience étoit tranquille par les ſoins de mon nouveau Directeur, qui me donnoit des conſeils ſages, & combinés avec les paſſions humaines : je le voyois réguliérement tous les lundis au Confeſſionnal & tous les jours chez Madame C… je ne quittois plus cette aimable femme : les ténebres de mon eſprit ſe diſſipoient : peu à peu je m’accoutumois à penſer, à raiſonner conſéquemment. Plus de Pere Dirrag pour moi, plus d’Eradice.

Que l’exemple & les préceptes ſont des grands maîtres pour former le cœur & l’esprit ! S’il eſt vrai qu’ils ne nous donnent