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LA RETRAITE.

Et si toutes ces femmes donnaient plutôt des sensations que des sentiments, des caresses que des pensées, n’avait-il pas rencontré la femme instruite, au salon jamais vide d’artistes et de savants, dans une cour d’amour et de science ; belle aussi quelquefois et offrant alors l’idéal…

Eh bien ! non, celle-ci surtout l’écœurait…

Sans doute, dans l’évolution de sa nature tendant toujours à s’élever, mais ayant commencé d’abord par jouir, il avait eu des femmes ; mais, après les premiers étonnements de sa chair sous des frissonnements inconnus, après les surprises de son cœur sous ses vibrations nouvelles, après avoir aimé enfin, et joui, il s’était retrouvé avec une soif non étanchée et il vit que seulement il avait cru aimer et jouir. C’est alors que, non dans un dépit, mais avec la foi, fruit peut-être du dépit, il avait fui et qu’il avait adressé ses prières à Celui qui ne trompe pas.

C’est que Jacques avait compris, ou du moins pensait-il ainsi, qu’il est un sentiment au-dessus de l’amour, et qu’auprès de celui-là, l’amour est bien pâle ! Ce sentiment que l’antiquité connut et divinisa, l’amitié enfin, il ne l’avait pas trouvé ! Il avait été aimé, aimé avec passion, sans soupçon d’intérêt, aimé charnellement ou