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SODOME.

du reste le médecin des âmes ? n’est-il pas des maux qu’on ne guérit pas ?

La volonté, sans doute, avait été la première attaquée ; il notait bien le moment précis où cela s’était fait : c’était l’autre jour, lorsqu’il La revit pour la seconde fois ; se sentant faiblir, il avait prié, ce qui déjà était un aveu d’impuissance ; avec cette aide souveraine il pensa triompher ; il raisonna aussi : allait-il abdiquer en un moment cette puissance sur lui-même dont il était si fier, résultat de tant d’années de luttes ? allait-il faire ce serment qu’Elle lui demandait, s’exposer imprudent, à des tentations incessantes que peut-être il ne dominerait pas ? et alors, qu’arriverait-il ? Il prit une résolution énergique et s’endormit confiant : le lendemain le combat recommença, la prière fut impuissante, il s’avoua vaincu et fit le serment !

C’était sa première amputation.

La piété résista longtemps : toujours, du reste, il conserva les pratiques usuelles de la dévotion obligée, mais sa ferveur un peu se refroidit. Ce n’était plus comme autrefois, comme récemment même, des extases et des ravissements et des visions consolantes. Ses prières même avaient des distractions et, parfois, dans la méditation la plus élevée, il se surprenait l’esprit bien loin,