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LA RETRAITE.

enfin, que son austérité mettait au-dessus de la nature, est maintenant son esclave ; et de quelle mauvaise nature !

Pouvait-il lui faire une confession et étaler toute sa turpitude sous ses yeux ? Pouvait-il lui dire à Elle qui, sans doute, avait voulu le grandir ainsi avec une amoureuse fierté, qu’il n’était plus digne même de son amitié ? pouvait-il, pour la fléchir, lui avouer les chutes honteuses dont Elle était l’innocente cause ?

Autrefois, certes, quand il avait quelque naïveté encore, une fierté enfin, il eût parlé, il eût été éloquent. Aujourd’hui, dans sa démoralisation naissante, il se sentait faible et sans courage ; dominé par les sens, il fut cependant caressant, mais combien il dut déchoir à ses yeux et qu’Elle dut le mépriser !

— Nous sommes toujours frère et sœur, dit-il ; je suis fidèle à mes promesses, mais on embrasse sa sœur, ne me permettrez-vous pas de vous embrasser ?…

Il rougit aussitôt de cette stupidité.

Elle le regarda tristement, et avec une divination bien facile :

— Oubliez-vous votre serment, dit-elle ; voulez-vous jouer au plus fin ! Puis, comme malgré elle, et avec des airs de regret d’en avoir trop dit :