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LE MONDE.

ment profiter de préjugés tendant à disparaître tous les jours.

Ce quartier autrefois aurait plu à Soran. La rue du Bac, faubourg de ce faubourg, où il avait passé son enfance, répondait autrefois à ses idées grises et ternes ou peut-être les avait-elle fait naître.

Il revécut en un instant, lorsqu’il la traversa, toute son enfance. Il revit la vieille maison que son père avait habitée si longtemps, où il était mort, où lui-même était né. Il songea que ce médecin pourrait peut-être le soigner, le guérir, s’il vivait encore et qu’il aurait en lui un malade intéressant à étudier, et, alors, il réfléchit encore sur lui-même, quand peut-être le salut était dans le repos de son esprit, dans l’absence, précisément, de pensées ! Un moment il chercha si cette perte de l’équilibre n’avait pas sa cause dans une hérédité dont il était irresponsable. Il revit sa mère névrosée, si longtemps indifférente à ses caresses et, plus tard, il se le rappelait nettement, maintenant, l’embrassant avec une affection exagérée comme cherchant en lui une consolation à son délaissement, un prétexte à baisers et à amour. Même, un instant, il revit cette nuit terrible qu’il avait passée au chevet de sa mère mourante, emportée d’une manière aussi bru-