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LE MONDE.

tions de son esprit par un acte de foi habile et qui maintenant se laisse simplement vivre, dans le confortable du corps et du cœur. L’abbé mondain est aimé du monde, respecté et peut-être craint ; est-il besoin de dire que son onction et sa douceur, comme aussi la certitude d’une parfaite discrétion, lui assurent bien des cœurs ; vénéré des maris, aimé des femmes, il coule une vie douce et tranquille.

Le prêtre timide, que sa timidité même rend un instrument docile aux volontés de ses supérieurs, peut parvenir, lui aussi, par son apparente médiocrité. Mais il restera toujours, s’il a la chance de venir à Paris, dans une cure écartée et modeste. La chevelure peu soignée, le ton bleui du menton et des joues, une douillette négligemment ouverte, la coiffure aux bords roussis, disent la concentration de l’esprit et la petite importance qu’il accorde au temporel. Pas un détail, du reste, qui ne suffise à le classer sûrement : la chaussure mal cirée a de grosses semelles ; et un pantalon apparaît sous la soutane, informe et sans coupe ; les mains mêmes manquent d’aristocratie et la tonsure en friche disparaît quelquefois. La psychologie du prêtre pauvre est peu complexe ; n’est-elle pas tout entière dans ce mot : il est pauvre ; la dé-