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SODOME.

tune ou même par la nullité étaient là. C’était le comte de Montgeron, le seul descendant de la vieille famille des Montgeron-Micourt, dont la noblesse remonte aux croisades, ainsi que le prouvent les merlettes de son écu ; c’était le prince Sanvalli, prince évidemment puisqu’il était Italien (mais le monde fait-il jamais des enquêtes sur ceux qu’il reçoit ?). C’était M. Messenat, le compositeur « aîmé du public » et ne visant avec, pourtant, du talent, qu’à une perpétuelle masturbation des habitués de salons, descendu jusqu’à l’homme du monde, ce qui lui rapportait, bon an, mal an, soixante mille francs, chiffre prodigieux pour un compositeur.

M. Levraut, un très gros industriel, le mari de la belle Mme Levraut, entrait enfin, montrant l’assurance que peuvent donner cinq cent mille livres de rente.

Le maître de la maison, M. Jérôme Le Rey, avec une fortune assez peu considérable, réunissait ainsi, de temps en temps, des gens connus, et le lendemain, moyennant dix francs la ligne, un écho du plus grand journal mondain lui décernait des éloges enthousiastes, en faisant remarquer avec quelle grâce parfaite Mme Jérôme Le Rey, « très en beauté », avait fait les honneurs de la soirée…