Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
SODOME.

fût accessible à la poésie : presque involontairement, un jour qu’il se souvenait (cet homme qui devait s’efforcer d’oublier), il lui lut quelques vers des Romances sans paroles, ceux peut-être où s’empreint le plus poignamment la douleur et l’affre du souvenir : elle eut une bonne pensée et sachant son admiration : « Oh ! que c’est joli ! » dit-elle…

Il en souffrit beaucoup…

Jacques Soran avait une idée très haute, cela le distrayait un peu, de ses devoirs de mari. Si près (il ne voulait jamais y penser) de vivre en dehors de tous les devoirs, il agissait suivant les règles et suivant les obligations accoutumées. A-t-on dit que tous les soirs, ponctuellement ; il se couchait auprès de sa femme ? Il faisait ainsi puisqu’il était marié. Pourquoi s’était-il marié ? On a peut-être compris qu’il lui eût été très difficile de répondre : il s’était remis entre les mains de l’abbé Gratien et il avait obéi. Il avait pour Berthe Gouvaut toutes les attentions et toutes les caresses requises en l’état d’union conjugale : se conformant en tout aux règles de la stricte morale.

S’étonnera-t-on que dans l’accomplissement de ses devoirs il n’eût jamais la pensée d’une déviation troublante, d’une exagération ou d’un égarement interdit des baisers ?