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SODOME.

ses yeux, cette nouvelle victime que son amour insensé avait sacrifiée. Jacques prit la main de Laus et fondit en larmes. Il l’interrogea doucement et, sous l’influence d’une fièvre intense, remarquable après l’ingestion de ce poison, Henri Laus dit tout son malheur.

Il eut pour sa maîtresse des mots terribles et des paroles de haine que Jacques simula d’adoucir. Puis, le malade s’emporta contre lui-même, se gourmandant d’avoir aimé une pareille catin, et, cherchant dans les yeux de Jacques une consolation suprême, il lui dit : « Oh ! mon ami, vous m’aviez prévenu !… »

Quelques instants après, le délire se déclarait. C’étaient des discours incohérents, des menaces encore et des blasphèmes ; puis, des paroles d’une vague espérance, des aspirations vers une amitié sûre et non trompeuse…

L’œuvre de Jacques Soran s’accomplissait.