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SODOME.

lors éperdument dans les pratiques de la religion la plus austère, attristerait encore ce récit.

Jacques, mollement bercé par les doux soupirs d’Henri Laus, ne pensait pas… La pluie fouettait les vitres et les paysages, mal entrevus, se déroulaient toujours semblables… Quand Laus se réveilla, il s’assit en face de Soran et, sous les couvertures, leurs genoux se touchèrent.

Il faudrait analyser tous ces contacts et ces frôlements ; mais qu’il soit permis de dire qu’à l’époque de ce voyage l’éréthisme de Jacques touchait à l’exaspération, et que le simple attouchement de la main de Laus suffisait pour exagérer, à tout moment, la rigidité de ses désirs.

Quant aux dispositions de Laus, on expliquera tout par cet ascendant, dernier vestige d’une volonté disparue, qu’exerçait sur lui Jacques Soran. Tout ne conspirait-il pas, d’ailleurs, à la chute de cet innocent ?… Jacques Soran était beau et grand ; ses caresses, toutes pures en apparence, ne pouvaient effrayer Laus. Puis, son pauvre cœur dolent, désabusé par une expérience d’enfant, tout saignant sous le coup dont l’avait frappé cette fille, était bien préparé pour