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SODOME.

tration, il se montrait comme tout nu à ses yeux. L’œuvre débutait ainsi :

Dans l’âme qui, si peu, tient à mon corps qu’elle voudrait le quitter pour se soustraire à ses influences et s’élever jusqu’à Dieu, une voix a parlé qui me commande de sortir du monde et de moi-même. J’ai entendu cette voix et je lui ai répondu…

Ces lignes ascendantes, comme les dispositions de Jacques à ce moment, montraient la joie et le calme. Les lettres, touchant à peine le papier, d’une écriture presque immatérielle, disaient assez les aspirations supra-terrestres du scripteur. Ces caractères persistaient longtemps, mais les lignes plus récentes, raturées, torturées et descendantes, aux jambages empâtés, eussent suffi à Jacques, même à Laus, pour prouver la déchéance progressive de celui qui les avait écrites. Quelques signes que Jacques ne voyait pas, et qu’il eût remarqués dans une écriture étrangère, tant il est difficile de s’extérioriser, disaient aussi, nettement, la désorganisation, la perte de l’équilibre, symptômes avant-coureurs d’une folie se hâtant.

Laus les vit-il ? Peut-être, car souvent il jetait à Jacques d’indicibles regards chargés de commisération et d’amour.

Ils poursuivirent cet interminable entretien