Quelquefois, lorsqu’il exposait ces plans immenses péchant toujours par un petit côté, sa parole s’alentissait, sa langue devenait lourde et ses discours restaient inachevés ; Henri alors, intervenant, répondait à une objection que Soran n’avait pas faite, et il s’épargnait la navrance de voir son ami luttant contre l’envahissement du mal. Jacques écrivait rarement, dictant à Laus ; mais, un jour qu’il voulut prendre la plume, ses doigts raidis ne purent la tenir. Il lutta, et comme il voulait écrire le simple mot chapitre, sa main, convulsée, réussit enfin ; mais, soustraite à la volonté de Jacques, elle traça d’une manière informe, en caractères tremblés et désordonnés, le mot Sodome !
Dès ce moment, Laus se sentit bien seul à Noirchain, car Soran annihilé s’écroulait d’instants en instants. Auparavant, ils ne se quittaient pas ; aujourd’hui Jacques fuyait Laus et celui-ci, respectant ce besoin de solitude, se tenait à l’écart. Jacques s’en allait seul dans les champs, faisant de longues absences. Un matin Laus, s’étant levé de bonne heure, ne trouva pas Soran chez lui : il était déjà sorti. Il le chercha dans le parc et, n’ayant pu le rencontrer, il monta dans le petit kiosque du fond et, s’accoudant à la fenêtre, il songea. Ses regards errants tombèrent