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LA CHUTE.

tion pour lui, et cette exagération de ses caresses amicales se comprenait ainsi. Très complexes furent ses pensées. Il eut un peu de jalousie contre cette femme dont il n’était que le reflet : ce fut le premier mouvement, mais son affection pour Soran n’en fut pas amoindrie car, malade, son ami avait plus que jamais besoin de lui ; en réfléchissant, il eut cette douce consolation d’excuser Jacques d’un vice dont il l’avait soupçonné, et il fut heureux de son indulgence passée. Il songea à ce mot terrible que la plume de Soran avait formé malgré lui, dans une agraphie corollaire sans doute de l’aphasie à son début et il comprit que Jacques, sur le chemin de la démence, était obsédé par des souvenirs, persécuté par des remords.

Dès lors, Laus n’eût plus qu’un désir : amener à Noirchain un médecin qui poserait un diagnostic précis de l’état de Soran ; mais il ne pouvait exécuter ce projet, craignant par une pareille démarche d’alarmer son ami. Il voulut du moins ne plus le laisser seul ; mais là encore il échoua, car Jacques, avec une habileté de fou, trompait sa surveillance ou, si Laus semblait insister pour ne pas le quitter, il entrait dans des colères terribles. Par une réaction qui ne