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SODOME.

parut bien jeune et la liaison se fit, protectrice ; mais ils furent polis et très gens du monde, étant de l’autre côté de l’eau. Soran les trouva ennuyeux et outrecuidants ; il fut vite fatigué de ces petits ambitieux parlant beaucoup de députation en se gardant de froisser leur faux-col.

Il vit aussi, là de purs étudiants ; leur simplicité apparente le séduisit et il alla avec eux prendre un bock au café. Cela se fit un jeudi soir :

En sortant d’une conférence, vers dix heures, Jacques se laissa entraîner et, pour finir une discussion, on entra dans une brasserie de la rue Soufflot. Bien qu’il y eût encore peu de monde, l’on se dirigea tout de suite dans le fond : au reste, rien d’intéressant : une brasserie comme les autres, lui dit-on, car il n’en connaissait aucune ; seulement, celle-là était amusante parce que, les jours de Bullier, comme aujourd’hui, il y venait des femmes. La discussion qu’on devait finir au café avait cessé presque sur le seuil de l’École ; ce n’étaient plus les orateurs qu’il avait connus d’abord, ceux ci ne posaient pas et ils lui plurent.

Soran, dépaysé, buvait, à petites gorgées, la lourde bière allemande ; les autres, dans leur