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Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 1.djvu/109

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leur ! Si je ne te hais pas, que je devienne une couverture du lit de Kratinos, et qu’on me donne un rôle dans une tragédie de Morsimos ! Ô toi, qui te poses partout et dans toutes les affaires, pour en tirer profit, comme on voltige sur des fleurs, puisses-tu rendre ton manger aussi vilainement que tu l’as trouvé ! Car alors seulement je chanterai : « Bois, bois à la Bonne Fortune ! » Je crois que le fils d’Ioulios, ce vieux cupide, se réjouirait et chanterait : « Io Pæan ! Bakkhos ! Bakkhos ! »

KLÉÔN.

Par Poséidôn ! vous ne me surpasserez pas en impudence, ou alors que je n’aie jamais place aux sacrifices de Zeus Agoréen !

LE MARCHAND D’ANDOUILLES.

Et moi, je jure par les coups de poing que j’ai tant de fois reçus, dès mon enfance, et par les balafres des couteaux, que j’espère l’emporter dans cette lutte ; ou c’est en vain que je suis devenu si gros, nourri de boulettes à la crasse.

KLÉÔN.

De boulettes, comme un chien ! Ô chef-d’œuvre de méchanceté, comment donc un être nourri de la pâture d’un chien ose-t-il combattre contre un Cynocéphale ?

LE MARCHAND D’ANDOUILLES.

De par Zeus ! J’ai fait bien des tours, étant enfant. Entre autres j’attrapais les cuisiniers en leur disant : « Regardez donc, mes enfants. Ne voyez-vous pas ? Voici le renouveau, l’hirondelle ! » Eux de regarder, et moi, pendant ce temps-là, de faire main-basse sur les viandes.