Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/198

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touillement m’a saisi par-dessous mon siège. Et toi, jeune homme, qui que tu sois, je veux t’interroger à la manière d’Æschylos, dans sa Lykourgia… D’où vient cet efféminé ? Quelle est sa patrie ? Son vêtement ? Pourquoi cette vie désordonnée ? Un luth et une robe couleur de safran ? Une lyre et une résille ? Une lékythe et une ceinture ? N’est-ce pas un contraste ? Qu’y a-t-il de commun entre un miroir et une épée ? Toi-même, enfant, qui es-tu ? Prétends-tu être un homme ? Où est ce qui fait l’être viril ? Où est ta læna ? ta chaussure lakonienne ? Serais-tu une femme ? Alors où est ta gorge ? Que réponds-tu ? Pourquoi garder le silence ? D’ailleurs, je te devine à ton chant, puisque toi-même tu ne veux rien dire.

AGATHÔN.

Ô vieillard, vieillard, c’est de la jalousie que provient le blâme que je viens d’entendre ; mais je n’en éprouve aucune douleur. Je porte un costume en rapport avec ma pensée. Il faut qu’un poète s’ajustant aux drames qu’il doit composer, y adapte son caractère. Si on compose des drames à femmes, il faut que le corps prenne des manières féminines.

MNÈSILOKHOS.

Ainsi tu chevauches, quand tu composes Phædra ?

AGATHÔN.

Si on fait des drames à hommes, il faut que le corps soit viril. Ce que nous n’avons pas, l’imitation doit en suivre la piste.

MNÈSILOKHOS.

Si tu mets en scène des satyres, appelle-moi, je collaborerai derrière toi dans la posture requise.