Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/312

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LE CHŒUR.

Certes, le poète au courroux frémissant sentira en lui de la colère, quand il verra son rival bavard aiguiser ses dents ; alors, pris d’une folie terrible, il fera rouler ses yeux. Ce sera une lutte panachée de paroles à crins de cheval, de subtilités glissant sur l’épieu, de copeaux mis en mouvement par un poète rivalisant avec les mots bondissants d’un génie créateur. Celui-ci, hérissant la crinière hirsute de son cou chevelu, fronçant un sourcil redoutable, va venir rugissant, arrachant les mots comme des planches clouées, avec le souffle d’un géant. L’autre, artisan de paroles, langue experte, bien affilée, déliée, rongeant le frein de l’envie, épiloguera sur des mots disséqués, travail d’un robuste poumon.




EURIPIDÈS, à Dionysos.

Je ne quitterai pas le trône ; cesse de me le conseiller ; je prétends être supérieur à celui-ci dans notre art.

DIONYSOS.

Æskhylos, pourquoi gardes-tu le silence ? Tu entends ce qu’il dit.

EURIPIDÈS.

Il va d’abord prendre un ton solennel, comme il le fait d’ordinaire dans ses tragédies, où se déploie son charlatanisme.

DIONYSOS.

Homme important, pas de paroles si arrogantes !