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Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/321

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DIONYSOS.

Oui ! de par les dieux ! Aujourd’hui tout Athénien rentrant chez lui crie à ses serviteurs et s’informe : « Où est la marmite ? Qui a mangé la tête de l’anchois ? Le plat que j’ai acheté l’an dernier n’existe plus. Où est l’ail d’hier ? Qui a mangé les olives ? » Auparavant, c’étaient des sots, bouche béante, plantés là, comme des Mammakythes et des Mélitides.

LE CHŒUR.

« Tu vois cela, brillant Akhilleus ! » Et toi, voyons, que vas-tu répondre ? Seulement, que la passion ne t’emporte pas au delà des oliviers : car son attaque a été vive. Mais, ô mon brave, ne riposte pas avec colère ; cargue tes voiles et ne fais usage que de leur extrémité ; puis avance doucement, doucement, et veille à ne prendre le vent que quand tu le sentiras doux et régulier. Alors toi, qui, le premier des Hellènes, as crénelé les hauteurs du langage, relevé les jeux de la tragédie, déchaîne sans peur le torrent.

ÆSKHYLOS.

Je suis irrité de cette rencontre ; mes entrailles s’indignent d’avoir à contredire cet homme ; mais qu’il ne prétende point m’avoir jeté dans l’embarras. Réponds-moi, qu’est-ce qui rend un poète digne d’admiration ?

EURIPIDÈS.

L’adresse et la justesse, avec laquelle nous rendons les hommes meilleurs dans les cités.

ÆSKHYLOS.

Si donc tu ne l’as point fait, mais si de bons et généreux