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Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/466

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n’est point là, j’en jure par Zeus, la condition de ma vie, et ce ne doit point l’être. La vie du mendiant, dont tu parles, est vivre sans rien avoir ; celle du pauvre est vivre d’épargne et de travail assidu, sans nul superflu, mais sans manquer de rien.

KHRÉMYLOS.

Quelle vie heureuse, par Dèmètèr ! tu nous as representée, si ton épargne et ton travail ne te laissent pas de quoi te faire enterrer !

PÉNIA.

Tu t’efforces de railler et de jouer la comédie, sans nul souci de ce qui est sérieux. Tu ne sais pas que, mieux que Ploutos, je rends les hommes meilleurs d’esprit et de corps. Avec lui, ils sont podagres, ventrus, les cuisses épaisses, outrageusement gras ; avec moi, ils sont minces, à taille de guêpe, redoutables à l’ennemi.

KHRÉMYLOS.

C’est sans doute en les faisant jeûner que tu leur donnes cette taille de guêpe ?

PÉNIA.

Pour ce qui est des mœurs, je vais vous expliquer et vous prouver que la modestie habite avec moi et l’insolence avec Ploutos.

KHRÉMYLOS.

Ainsi, voler et percer les murs est tout à fait modeste ?

BLEPSIDÈMOS.

Oui, de par Zeus ! du moment qu’on se cache, comment ne serait-ce pas modeste ?