Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/81

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déniche, comme nous, pour aller à la pâture ; puis on vole droit aux affiches, on y dévore les décrets. L’ornithomanie est si forte, qu’un grand nombre d’entre eux ont pris des noms d’oiseaux. Perdrix est le nom d’un marchand de vin boiteux ; Ménippos s’appelle hirondelle ; Opontios le borgne, corbeau ; Philoklès, alouette ; Théagénès, oie-renard ; Lykourgos, ibis ; Kæréphôn, chauve-souris ; Syrakosios, pie ; Midias, caille ; et c’est bien son nom, car il ressemble à une caille frappée d’un rude coup sur la tête. Tous, dans leur passion pour les oiseaux, se mettent à gazouiller des chansons, où il est question d’hirondelle, de sarcelle, d’oie, de colombe, et puis des ailes ou, pour le moins, un peu de plumes : voilà ce qui se passe là-bas. Je ne te dis plus qu’une chose, c’est que plus de dix milliers d’hommes viennent de là-bas ici te demander des plumes et des serres recourbées ; il faut donc que tu t’en procures pour tous ces émigrants.

PISTHÉTÆROS.

Nous n’avons donc, de par Zeus ! qu’à nous mettre à l’œuvre. Toi, va au plus vite remplir d’ailes tous les paniers d’osier et toutes les corbeilles ; que Manès m’apporte ici les ailes, et moi je recevrai les arrivants.

LE CHŒUR.

Avant peu on pourra saluer cette ville du nom de populeuse.

PISTHÉTÆROS.

Pourvu que la Fortune soit favorable.

LE CHŒUR.

Les cœurs sont épris de ma cité.