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Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/202

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192 THEATRE D'ARISTOPHANE.

Aristophane suppose que les femmes veulent profiter de cette fête pour se venger d'Euripide qui, dans ses tragédies, ne cesse de leur prodiguer des injures et de révéler leurs secrets aux maris. Euripide, prévenu par hasard du complot tramé contre lui, supplie en vain un poète de mœurs effémi- nées, nommé Agathon, de se déguiser en femme et de prendre sa défense. Indigné du refus d'Agathon, Mnésiloque, beau-père d'Euripide, s'offre pour remplir cette mission périlleuse. On le métamorphose en femme et il pénètre dans le temple de Cérès, où les initiées discutent sur la perte de leur ennemi. Mnésiloque plaide chaleureusement la cause de son gendre, mais il est reconnu, saisi, garrotté et attaché à un poteau.

Il appelle Euripide à son secours ; Euripide survient et met en jeu différents stratagèmes pour le délivrer. Toute la dernière partie de la comédie se compose de longues parodies des pièces du poète tragique, parodies qui, pour nous, n'ont pas grand attrait, mais qui pouvaient paraître plaisantes aux Athé- niens. Mnésiloque représente .«uccessivement la belle Hélène et la jeune Andromède ; Euripide apparaît sous les traits de Ménélas, de Persée ou de la nymphe Écho. Enfin Euripide fait aux femmes des propositions de paix qui sont acceptées. Il promet que désormais il ne dira plus de mal des femmes, si elles consentent à rendre la liberté à son beau-père. Mais Tarcher scythe qui a été chargé de garder Mnésiloque, ne veut pas lâcher sa proie. Une dernière fois Euripide se déguise ; apparaît en vieille femme et amène une danseuse et une joueuse de flûte, dont les poses lascives font perdre la tête au pauvre archer. Son prisonnier s'échappe, et la pièce se ter- mine un peu brusquement.

Cette comédie est surtout littéraire ; c'est une attaque contre Euripide, auquel Aristophane reproche sa haine des femmes, son mauvais goût pour certaines innovations réalistes, et l'abus qu'il fait des machines, des costumes et des moyens matériels et extérieurs. Dans les Grenouilles, le poète tragique sera encore plus maltraité. « Il semble, dit Schlegel, que l'esprit d'Aristo- phane redouble de causticité lorsqu'il s'attaque aux tragédies d'Euripide. i>

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