Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

218 THÉÂTRE D* ARISTOPHANE.

car nous n'avons pas d'ennemi plus déclaré. » Qui de- mande la parole ?

UNS FEMME.

Moi.

LA FEMME-HÉRAUT.

Prends donc cette couronne avant de haranguer. Qu'on se taise; silence, attention, car voilà la harangueuse qui: crache, comme font tous les orateurs; elle a l'air d'en avoir long à dire.

PREMIÈRE HARANGUEUSE.

femmes I je jure, par nos déesses, qu'aucun motif d'amour-propre ne me fait prendre la parole aujourd'hui parmi vous, mais uniquement la douleur que je ressens de voir que depuis plusieurs années vous êtes l'objet des outrages d'Euripide, ce fils d'une vile marchande d'herbes, car de quels opprobres ne nous a-t-il pas accablées? où ne prend-il pas à lâche de nous déchirer, quelque petit. nombre qu'il y ait de spectateurs et de personnages dans! ses tragédies et dans ses chœurs? l\ nous reproche d'être' fausses, de courir après les hommes, d'aimer le vin, d'êtres calomniatrices, bavardes, de n'être bonnes à rien et de faire le malheur des hommes. Aussi nos maris, au sortir de ses pièces, rentrent-ils chez eux en nous regar- dant de travers et cherchant partout avidement s'il n'y a pas quelque amant caché. Nous n'avons plus nos coudées franches comme auparavant. Depuis ce poète, nos maris ont tellement martel en tête que, s'ils nous voient tresser une couronne, ils nous disent que c'est pour un amant ; si quelqu'un, en courant par la maison, casse un vase,' le mari demande aussitôt : « En l'honneur de qui ce vasel s'est-il cassé? Ce n'est pas, sans doute, pour d'autres,

j

�� �