Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bacchus.

C’est de dire que tu fais tout sous toi, en rejetant ton paquet d’une épaule sur l’autre.

Xanthias.

Mais au moins puis-je dire que, chargé d’un pareil fardeau, si on ne m’en débarrasse, je péterai ?

Bacchus.

Rien de tout cela, je te prie, à moins que je n’aie besoin de me faire vomir.

Xanthias.

Pourquoi donc me suis-je chargé de ce fardeau, si je ne puis me permettre tout ce qui fait ordinairement le plaisant des pièces de Phrynichus[1], de Lycis et d’Amipsias[2], qui mettent assez souvent en scène des portefaix.

Bacchus.

N’en fais rien, car toutes les fois que j’y assiste et que je vois de pareilles sottises, j’y vieillis de plus d’une année.

Xanthias.

Ô pauvre épaule ! malheureux que je suis, de souffrir et de ne pouvoir en tirer parti pour faire rire !

Bacchus.

N’est-ce pas le comble de l’impertinence et de la mollesse ! Quoi, moi, Bacchus, fils de la bouteille[3], je vais à

  1. Poète comique, contemporain d’Aristophane.
  2. Amipsias courait aussi la même carrière, et en même temps qu’Aristophane, qu'il vainquit deux fois. Les Oiseaux de celui-ci et ses premières Nuées furent jugées inférieures à d'autres pièces de cet Amipsias, qui avait fait aussi une comédie contre Socrate. Diogène Laërce cite trois vers de cette comédie. (Brottier.)
  3. Parce que le vin, dont Bacchus est le dieu, se met en bouteille.