Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/354

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cymbales? Viens, ô muse d’Euripide, toi à qui il convient d’offrir ces vers.

BACCHUS.

Cette muse n'a-t-elle jamais imité les Lesbiennes ?

ESCHYLE.

« Alcyons, qui chantez continuellement sur les flots de la mer, en parsemant votre plumage de gouttes d’eau qui vous tiennent lieu de rosée (et vous, ô araignées, qui, habitant les recoins des maisons, déroulez, eï, eï, eï, eï, eï, avec vos pattes ce qui entoure le rouleau, ces fils, ouvrage du peigne au son aigre), où le dauphin, ami de la flûte, bondissant autour des proues azurées, les oracles et les stades; ô délices de la vigne chargée de fruits, tendrons qui soutenez le raisin. Entoure-moi de tes bras, ô mon fils. » Vois-tu cette cadence ?

BACCHUS.

Je la vois.

ESCHYLE.

Quoi? Tu la vois?

BACCHUS.

Oui, te dis-je.

ESCHYLE.

Avec un pareil jargon, tu oses critiquer mes vers, toi qui imites les douze figures de Cyrène[1]. Voilà cependant quelle est ta poésie. Mais je veux encore éplucher le ton de tes monologues « affreuse obscurité de la nuit, quel triste songe m’envoies-tu du fond de tes ténèbres ? Ministre de l’enfer, c’est un vain fantôme, fils de la

  1. Cette femme, dont il a déjà été parlé, s’appliquait à prendre toutes sortes de positions voluptueuses, dont Polycrate, célèbre écrivain d’Athènes, a donné la description sous le nom de Philénis. (B.)