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Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/483

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où, en épargnant et en travaillant, on ne laisse pas même de quoi se faire enterrer !

LA PAUVRETÉ.

Tu veux railler et plaisanter, sans songer à parler sérieusement. Tu ignores que je rends les hommes et plus beaux et plus sages que ne fait Plutus. C’est Plutus qui fait qu’ils ont la goutte, un gros ventre, de grosses jambes, un embonpoint excessif. Mais moi, je les rends sveltes et légers, et redoutables à leurs ennemis.

CHRÉMYLE.

C’est peut-être à force de les faire jeûner que tu leur donnes cette taille élancée.

LA PAUVRETÉ.

Je vais maintenant vous faire voir qu’avec moi l’on trouve la modestie, et l’insolence avec Plutus.

CHRÉMYLE.

C’est assurément une grande modestie que de voler et d’enfoncer les maisons.

BLEPSIDÈME.

Oui, par Jupiter, puisqu’il faut que le voleur se cache, n’est-ce pas de la modestie ?

LA PAUVRETÉ.

Vois dans les républiques les orateurs ; tant qu’ils sont pauvres, ils ne cherchent qu’à procurer, en toute équité, le bien du peuple et de leur patrie, mais sitôt qu’ils sont devenus riches aux dépens du public, la patrie et le peuple n’ont pas de plus cruels ennemis.

CHRÉMYLE.

Par ma foi, toute méchante que tu es, tu n’as pas menti